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Page:Baudelaire - Les Fleurs du mal 1857.djvu/234

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XCIII

L’ÂME DU VIN



Un soir, l’âme du vin chantait dans les bouteilles :
— « Homme, vers toi je pousse, ô cher déshérité,
Sous ma prison de verre et mes cires vermeilles,
Un chant plein de lumière et de fraternité !

Je sais combien il faut, sur la colline en flamme,
De peine, de sueur et de soleil cuisant
Pour engendrer ma vie et pour me donner l’âme ;
Mais je ne serai point ingrat ni malfaisant,