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Page:Baudelaire - Lettres 1841-1866.djvu/354

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35o CHARLES BAUDELAIRE

la philosophie. Ghampfleurj sait, commemoi, qu’une femme est incapable de comprendre même deux lignes du catéchisme. Mais il veut que je partage sa joie, et il veut aussi s’amuser de mon choc avec cette sotte. (Et alors je vous ai répondu que j’é- tais prêt à tout pour vous plaire, mais que cela m’ennuyait.)

Voilà le sens caché. Quant à votre petit prêche de vertu, de la fin de votre lettre, où vous enfer- mez un si magnifique éloge de vous-même, je n’ai rien à dire, si ce n’est que quand on pense tant de bien de soi-même, il n’est pas généreux d’en acca- bler les autres. Il est évident que vous êtes un homme heureux, heureux par vous-même, et moi je ne le suis pas, car je suis toujours mécontent de moi.

Je veux que vous me permettiez devons dire qu’il y a aussi dans votre lettre un ton de taquinerie et de rancune qui, de vous à moi, à notre âge, n’est pas de raison. Quoi ! le mot dignité vous excite à ce point, vis à vis d’un vieil ami ?

Venez, je vous en supplie, me voir dimanche à midi, sinon je croirais que vous m’en voulez.

Tout à vous.

Vous aimez le comique. Lisez le dernier entretien de Lamartine (à propos des Misérables). C’est une lecture amusante que je vous suggère. Comme vous êtes trop porté à la finesse, je vous prie de ne voir aucun rapport entre ceci et ma lettre. Répon- dez-moi tout de suite. Je vous transmets la fausse déclaration que vous me demandez.