Page:Baudelaire - Lettres 1841-1866.djvu/41

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d’une grande discrétion, — (je connais mes devoirs envers ma mère, qui, elle, ne parle pas, et qui agit, qui ne conseille pas, mais se sacrifie), — que les pauvres sénateurs n’avaient que 40.000 fr., et des chevaux, — que vous étiez dépositaire des secrets des familles, et finalement. Monsieur, comme un homme qui perd complètement la tête, vous avez parlé de Dieu, et vous m’avez déclaré autoritairement que je n’étais pas un esprit tout d fait perverti. Je n’ai pas besoin de vos éloges. Monsieur, pour me connaître moi-même.

Vous pouvez être tranquille, relativement à votre responsabilité. Vous n’en supporterez plus aucune, pas même celle d’une commission, et d’une boîte aux lettres. Une seule fois encore, vous serez mêlé à ma vie, dans une circonstance solennelle, où j’ose croire que vous ferez preuve de cette droiture de cœur et de cet esprit de lumière, dont vous faites tant de cas, mais qu’obscurcit et détruit en vous une effroyable vanité. — Je lisais hier, dans une préface d’Éléments de Géométrie du XVIIIe siècle, que les sciences exactes ne sont qu’un acheminement à des mérites supérieurs, et que ce n’est pas grand’chose que de se bourrer la tête de cercles, de figures, de solides, de sinus et de cosinus, si l’on n’est pas, ce qui est plus important, un chrétien et un homme aimable. — Je réimprimerai peut-être cette préface, pour votre usage.

Tout cela ne serait que grotesque et bouffon, si vous n’aviez pas causé dans ma cervelle une agitation nuisible. Cependant, vous savez sans doute,