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4l4 CHARLES BAUDELAIRE

A MONSIEUR JULIEN LÉMER

Vendredi, 28 Février i865.

Mon cher Lemer,

Il y a bien longtemps que j’ai envie de vous écrire, ainsi que jeTavais dit à Henry delà Made- lène, et, si j’ai tant tardé, ce n’est pas seulement à cause de mon apathie ordinaire en ce qui concerne mes intérêts, mais aussi à cause d’une certaine timidité qui me fait renvoyer indéfiniment les affai- res au lendemain, sans doute parce que je crois toujours que les choses désirées par moi ne doivent pas réussir.

Depuis plusieurs années, je rêve de trouver un homme (un ami, en même temps, ce qui serait parfait), qui voulût bien s’occuper de mes affaires littéraires. Quant à moi, il m’est prouvé par une longue expérience que je suis complètement inepte en ces matières. Pourquoi ii*ai-je pas Tintellig-ence nécessaire pour cela, je n’en sais rien ; mais j’ai fait dans ce genre tant de sottises que j’ai décidé de ne plus m’en mêler.

Avant tout, consentez-vous à être celui que je cherche ? J’aurais dû prendre ce parti, il y a bien des années ; mais enfin il n’est jamais trop tard. Ensuite, je suis obligé de vous demander quel prix vous désirez mettre à vos services, c’est à dire quel prélèvement vous ferez sur les marchés que vous conclurez pour moi. Je ne vous prendrai peut-être pas beaucoup de votre temps, mais enfin j’en