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CFIARLES BAUDELAIRE

cette lettre pour me jeter sur mon lit, et c’est un grand travail, car je crains toujours d’entraîner avec moi les meubles auxquels je m’accroche.

Avec ça, les idées noires ; il me vient quelquefois à l’esprit que je ne verrai plus ma mère.

Pardon et merci. Tout à vous.

Mes compliments à Madame Ancelle.

Pourvu que Lemer n’aille pas s’offenser, parce que je ne lui écris pas, et parce que je ne vous donne pas une lettre d’introduction pour lui ! Mais il ne me répond jamais. Après tout, c’est un excel- lent garçon ; seulement, je crois que la vieillesse et les chagrins l’ont apparessé.

Je n’ai pas de copie du plan du livre sur la Bel- gique. Ce serait cruel de recommencer. Si Lemer le garde, faites-lui observer ça.

Il me paraît difficile qu’un tel plan n’excite pas la curiosité d’un éditeur, si peu intelligent qu’il soit.

Je mets toute ma confiance en vous, délivrez- moi. Mais soyez prudent.

Vous devriez mettre le plan dans une enveloppe à part, avant de le montrer.

Maintenant, je ferme le livre, et je mets mes notes au fond de ma commode, afin de n’y plus penser que quand j’aurai un traité, c’est à dire la certitude d’être payé.