Page:Baudelaire - Lettres 1841-1866.djvu/537

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

LETTRES î8G6 533

A MONSIEUR ANCELLE

Mercredi, 21 Février 1866.

Mon cher ami,

J’ai attendu votre réponse (pour les 100 fr.),hier matin, à 8 h., à 3 h., et à 6 h. du soir, et puis aujourd’hui, aux mêmes heures. Sans doute, vous désirez me transmettre en même temps des nou- velles de Dentu. Mais, dans ce cas, je risque d’at- tendre lonj^temps. Vous ne sentez pas jusqu’à quel point ma situation est tendue, — Je vous ai, selon votre désir, transmis quelques notes sur les librai- res possibles ; mais, excepté pour Dentu, chez qui vous étiez allé à tout hasard, je vous eng-ag"e à lais- ser tout cela de côté, pour le moment. Lécrivain voulait vous dire cela et il n’a pas osé. Ne m’en veuillez pas, mon cher ami, de ce que je vous dis là, et croyez que je f^arde une vive reconnaissance de toute l’amitié et de tout le dévouement que vous m’avez montrés. Mais franchement, tous ces tripo- taeres, toutes ces considérations de commerce sont choses neuves pour vous, et puis je cr^ns que dans ce Paris, où tout se répète comme dans un village, vous ne fassiez trop rapidement le tour des libraires possibles, et ne rendiez, sans le vou- loir, l’alfaire impossible, ou du moins trop difficile. Mais ma grosse raison, je crois, — raison qui ne prouve que mon extrême faiblesse de caractère, — est que l’alleutc de vos réponses me cause une agi- tation qui m’empêche complètement de travailler.

3i.