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À BARBEY d’AUREVILLY
Mercredi, 20 Décembre 1854.
Mon cher Monsieur,

Je suis allé bien souvent chez vous pour vous serrer la main, mais je n’ai eu aucune chance ; — j’envoie à tout hasard ce matin chez vous, pour vous demander un petit service. — Je suis tout abêti et tout malade, je n’ai absolument rien à lire, et de plus j’ai promis à une dame, qui en a grande envie depuis longtemps, de lui faire lire quelque chose de vous ; — si vous pouviez remettre à cet homme n’importe quoi de vous, La Bague, Le Dandysme, Germaine, La Vieille Maîtresse, L’Ensorcelée, — je ne suis pas perdeur de livres, — vous me rendriez fort heureux. — Si cet homme ne vous trouve pas, et si vous êtes encore en prison, — j’enverrai de nouveau chez vous, un autre jour.

Si vous vouliez être tout à fait aimable, vous joindriez à cet envoi une note de vos différents ouvrages, avec les noms des libraires, — note dont j’ai besoin depuis longtemps.

Votre grand article sur Monselet a fait sur ce pauvre garçon un effet de tous les diables. Il était à la fois très heureux et très malheureux. J’ai fait ce que j’ai pu pour lui persuader qu’il devait être très heureux. — S’il se fût agi de moi, j’eusse été très malheureux. Adieu, Monsieur, croyez-moi, pour toujours, votre ami et votre admirateur.