Page:Baudelaire - Lettres 1841-1866.djvu/87

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et des oiseaux qui chassent pour l’homme est une œuvre, — à lui tout seul. — Il y a des mots qui ressemblent aux mots des grands maîtres, des cris de vérité, des accents philosophiques irrésistibles, tels que : Chaque animal est un sphinx, et, à propos de l’analogie : Comme l’esprit, je repose dans une douce quiétude, à l’abri d’une doctrine si féconde et si simple, pour qui rien n’est mystère dans les œuvres de Dieu.

Il y a encore bien d’autres choses philosophiquement émouvantes, et l’amour de la vie en plein air, et l’honneur rendu à la chevalerie et aux dames, etc...

Ce qui est positif, c’est que vous êtes poète. Il y a bien longtemps que je dis que le poète est souverainement intelligent, qu’il est l’intelligence par excellence, — et que l’imagination est la plus scientifique des facultés, parce que seule elle comprend l’analogie universelle, ou ce qu’une religion mystique appelle la correspondance. Mais, quand je veux faire imprimer ces choses-là, on me dit que je suis fou, — et surtout fou de moi-même, — et que je ne hais les pédants que parce que mon éducation est manquée. — Ce qu’il y a de bien certain cependant, c’est que j’ai un esprit philosophique qui me fait voir clairement ce qui est vrai, même en zoologie, bien que je ne sois ni chasseur, ni naturaliste. — Telle est du moins ma prétention ; — ne faites pas comme mes mauvais amis, et n’en riez pas.

Maintenant, — puisque je me suis avancé avec vous dans des discours plus grands et une familiarité plus grande que je me le serais permis, si votre