Page:Baudelaire - Lettres 1841-1866.djvu/89

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quence de la grande hérésie moderne de la doctrine artificielle, substituée à la doctrine naturelle, — je veux dire : la suppression de l’idée du péché originel.

Votre livre réveille en moi bien des idées dormantes, — et, à propos du péché originel et de forme moulée sur l’idée, j’ai pensé bien souvent que les bêtes malfaisantes et dégoûtantes n’étaient peut-être que la vivification, corporification, éclosion à la vie matérielle, des mauvaises pensées de l’homme. — Ainsi, la nature entière participe du péché originel.

Ne m’en veuillez pas de mon audace et de mon sans-façon, et croyez-moi votre bien dévoué.


À CHARLES ASSELINEAU

Je me suis permis de prendre votre clef. — Je crois même que, vu ma grande fatigue, j’ai violé le lit.

J’ai averti votre concierge que, demain matin, on apporterait, ici, à mon nom, un paquet. Pourriez-vous pousser le dévouement jusqu’à mettre vous-même, aussitôt, le paquet dans un bon Mont-de-Piété et tâcher d’en obtenir 50 fr. ? En tout cas, le maximum.

Figurez-vous que ma sacrée charogne de propriétaire me rend si malheureux qu’hier soir je ne suis pas rentré.

Il y a plusieurs raisons, sans compter l’économie de temps et de courses, pour lesquelles je ne fais