poupées bizarres, comme le font les vieilles bohémiennes qui vous disent la bonne aventure d’une manière menaçante, et qu’on rencontre en plein midi sous les arceaux des ruines romaines ; toutes drôleries, du reste, dont le romantique Samuel, l’un des derniers romantiques que possède la France, raffolait fort.
Si bien qu’après avoir dénigré pendant trois mois la Fanfarlo, il en devint éperdument amoureux, et qu’elle voulut enfin savoir quel était le monstre, le cœur d’airain, le cuistre, le pauvre esprit qui niait si opiniâtrément la royauté de son génie.
Il faut rendre cette justice à la Fanfarlo, qu’il n’y eut chez elle qu’un mouvement de curiosité, rien de plus. Un pareil homme avait-il réellement le nez au milieu du visage et était-il tout à fait conformé comme le reste de ses semblables ? Quand elle eut pris une ou deux informations sur Samuel Cramer, qu’elle eut appris que c’était un homme comme un autre, de quelque sens et de quelque talent, elle comprit vaguement qu’il y avait là quelque chose à deviner, et que ce terrible article du lundi pouvait fort bien n’être qu’une sorte particulière de bouquet hebdomadaire ou la carte de visite d’un opiniâtre solliciteur.
Il la trouva un soir dans sa loge. Deux vastes flambeaux et un large feu faisaient trembler leurs lumières sur les costumes bariolés qui traînaient dans ce boudoir.
La reine du lieu, au moment de quitter le théâtre,