Page:Baudelaire - Théophile Gautier, 1859.djvu/28

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créature de Dieu ! « Il est permis au poète d’avoir quelquefois de l’esprit, comme au sage de faire une ribotte, pour prouver aux sots qu’il pourrait être leur égal mais cela n’est pas nécessaire. » — Ceux que cette opinion proférée par lui pourrait étonner n’ont pas remarqué que, comme son esprit est un miroir cosmopolite de beauté, où conséquemment le moyen-âge et la Renaissance se sont très-légitimement et très-magnifiquement reflétés, il s’est de très-bonne heure appliqué à fréquenter les Grecs et la Beauté antique, au point de dérouter ceux de ses admirateurs qui ne possédaient pas la véritable clef de sa chambre spirituelle. On peut, pour cet objet, consulter Mademoiselle de Maupin, où la beauté grecque fut vigoureusement défendue en pleine exubérance romantique.

Tout cela fut dit avec netteté et décision, mais sans dictature, sans pédanterie, avec beaucoup de finesse, mais sans trop de quintessence. En écoutant cette éloquence de conversation, si loin du siècle et de son