Page:Baudelaire - Théophile Gautier, 1859.djvu/33

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André Chénier, avec sa molle antiquité à la Louis XVI, n’était pas un symptôme de rénovation assez vigoureux, et Alfred de Musset, féminin et sans doctrine, aurait pu exister dans tous les temps et n’eût jamais été qu’un paresseux à effusions gracieuses. Alexandre Dumas produisait coup sur coup ses drames fougueux, où l’éruption volcanique était ménagée avec la dextérité d’un habile irrigateur. Quelle ardeur chez l’homme de lettres de ce temps, et quelle curiosité, quelle chaleur dans le public ! O splendeurs éclipsées ! ô soleils descendus derrière l’horizon ! — Une seconde phase se produisit dans le mouvement littéraire moderne, qui nous donna Balzac, c’est-à-dire le vrai Balzac, Auguste Barbier et Théophile Gautier. Car nous devons remarquer que, bien que celui-ci n’ait été un littérateur décidément en vue qu’après la publication de Mademoiselle de Maupin, son premier recueil de poésies, bravement lancé en pleine révolution, date de 1830. Ce ne fut, je crois, qu’en 1832 qu’Albertus fut re-