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POLÉMIQUES


COMMENT ON PAIE SES DETTES QUAND ON A DU GÉNIE[1]


L’anecdote suivante m’a été contée avec prières de n’en parler à personne ; c’est pour cela que je veux la raconter à tout le monde.

… Il était triste, à en juger par ses sourcils froncés, sa large bouche moins distendue et moins lippue qu’à l’ordinaire et la manière entrecoupée de brusques pauses dont il arpentait le double passage de l’Opéra. Il était triste.

C’était bien lui, lui, la plus forte tête commerciale et littéraire du dix-neuvième siècle ; lui, le cerveau poétique tapissé de chiffres comme le cabinet d’un financier ; c’était bien lui, l’homme aux faillites mythologiques, aux entreprises hyperboliques et fantasmagoriques dont il oublie toujours

  1. L’Echo des Théâtres, 28 août 1846.
        Article retrouvé et réimprimé dans Un dernier chapitre de l’histoire des Œuvres de H. de Balzac (E. Dentu, 1880), par M. de Spoelberch de Lovenjoul, à qui nous empruntons les notes qui suivent.