Page:Baudelaire Les Fleurs du Mal.djvu/307

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

CXXXII

LE VIN DES AMANTS


Aujourd’hui l’espace est splendide !
Sans mors, sans éperons, sans bride
Partons à cheval sur le vin
Pour un ciel féerique et divin !

Comme deux anges que torture
Une implacable calenture,
Dans le bleu cristal du matin
Suivons le mirage lointain !

Mollement balancés sur l’aile
Du tourbillon intelligent,
Dans un délire parallèle,

Ma sœur, côte à côte nageant,
Nous fuirons sans repos ni trêves
Vers le paradis de mes rêves !