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LE CURÉ LABELLE

et en conservant votre liberté vous serez chez vous, en pays catholique et français. »

À cela les auditeurs répondaient : C’est très juste ! mais tout le monde ne peut partir.

— Et qui vous dit de faire de ce pays un désert ? Certes non, tout le monde ne partira pas ; mais puisque vous le demandez, je vais vous indiquer qui sont ceux à qui la colonisation s’impose ou convient. À tout seigneur tout honneur. Le premier qui doit partir, c’est le petit cultivateur qui possède une terre de peu d’étendue ou de médiocre qualité. On en rencontre beaucoup dans nos vieilles paroisses. Ces terres qui ont été prises à raison du voisinage et que les colons ne pouvaient toujours choisir, ne donneront jamais que des récoltes médiocres. Celui qui les cultive vivra toujours misérablement, et on a eu grand tort de les déboiser, ce qui est un grave inconvénient dans nos pays froids.

Pourquoi s’obstiner à les cultiver et les morceler sans profit ? Quand le cultivateur a un mauvais attelage, il s’en débarrasse le plus tôt qu’il peut et en achète un meilleur. Qu’il fasse de même et vende sa mauvaise terre qui est encore à un bon prix dans ces régions. Avec la somme qu’il en retirera, il peut acheter dans la forêt le meilleur terrain à un franc cinquante l’acre[1].

  1. L’acre est de quarante ares de France, et le gouvernement accorde cinq ans pour payer. Un lot se compose de 100 acres, soit soixante-quatre hectares ou 640.000 mètres carrés.