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Page:Baudoncourt - Le curé Labelle (1833-1891), 1892.djvu/23

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LE CURÉ LABELLE

Le curé de Saint-Jérôme saisit l’occasion, il convoque ses paroissiens et leur dit : Mes enfants, je crois qu’il faut nous montrer et faire comprendre à ces gens combien ils ont tort de se faire prier pour venir à notre aide. Nous allons leur conduire du bois pour leurs pauvres qui se meurent de froid et nous verrons s’ils savent tirer la conclusion.

Le curé se mit à la tête de deux cents grands traîneaux qui formèrent le premier convoi et se dirigèrent vers Montréal sur une seule file. La ville fut émue à l’arrivée de cette longue procession.

— Qu’est-ce que cela ? criait-on de toutes parts.

— C’est la paroisse de Saint-Jérôme, répondaient les voituriers d’un ton narquois. Elle amène du bois pour vos pauvres.

— Oh ! la bonne paroisse ! disait la foule ; venir de si loin…

Et le curé ne manquait pas d’ajouter : Vous voyez que si nous avions un chemin de fer pour venir ici, le bois ne vous manquerait pas.

Les paroissiens revinrent encore avec un autre chargement et la ville de Montréal vota un million pour commencer le chemin de fer qui, faute de fonds suffisants, s’installa d’abord sur des lisses ou rails de bois. Il n’est qu’en bois, mais il marche, c’est l’essentiel ! le fer viendra bientôt, dit le curé ; et il en fut ainsi.

L’élan était donné et les prévisions de M. Labelle se justifièrent si bien que les parlements de