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LE CURÉ LABELLE

choisie où l’on comptait plus de mille notabilités de l’ancienne et de la nouvelle France.

Remercions nos frères du Canada de donner de si beaux exemples aux Français du xixe siècle. Ils sont, à juste titre, fiers de leur curé Labelle et lui donnent rang parmi les grands hommes de l’Amérique du Nord.

Le peuple en avait fait un roi avant que le gouvernement sût en faire un ministre, et quelques-uns regardèrent sa nomination comme une déchéance. Nous ne sommes point de cet avis. Avec les idées modernes qui ont envahi les deux mondes, la présence d’un prêtre dans un conseil souverain est chose rare et extraordinaire ; il faut que cet homme ait eu bien du mérite pour devenir l’objet d’une exception aussi honorable qu’elle est justifiée. Il a montré d’une manière éclatante que l’Église n’a rien d’incompatible avec le progrès matériel et qu’elle est toujours la meilleure éducatrice des peuples. L’idée fixe du curé Labelle a été le développement de l’influence française dans les pays qui furent découverts et possédés longtemps par des Français. Il a continué brillamment l’œuvre des intrépides missionnaires, apôtres et martyrs de l’ancienne colonisation chrétienne.

Cet homme qui remua des millions ne se laissa jamais détourner de son œuvre par l’appât du gain, si cruel aux hommes d’État de notre temps. Il sacrifia tout pour le triomphe de la noble cause qu’il avait embrassée, et son désintéres-