INTRODUCTION
Je ne me propose pas d’indiquer ici tout ce que ce mot de démocratie soulève de problèmes, et même offre de significations diverses. Qu’il plaise à ses ennemis de ne voir dans la démocratie que le triomphe brutal du nombre, ou de se la figurer sous la forme d’un spectre sanglant, que ses amis extrêmes la rendent synonyme de gouvernement direct du peuple par le peuple, sans cesse assemblé, j’écarte ces significations défavorables ou exagérées données au mot de démocratie, pour lui restituer son sens le plus pur, le plus bienfaisant, le plus naturel. Avec presque tous les publicistes contemporains, je vois dans la démocratie le dernier terme auquel aboutit de toutes parts le mouvement de la civilisation moderne, le mouvement économique comme tous les autres. Toutes les fois que je nommerai la démocratie, j’entendrai, avec un de ses juges les moins complaisants[1], la participation croissante des masses aux lumières et au bien-être. C’en est assez pour la justifier. Si la démocratie politique est très-difficile à définir, à circonscrire, il n’en est pas ainsi de ce qu’on
- ↑ M. Royer-Collard.