Page:Baudry - Contes choisis des frères Grimm.djvu/136

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était réduit ; lui qui avait tant de fois affronté la mort, il pouvait bien se risquer cette fois encore : il accepta. Le diable ôta son habit vert et le lui donna en disant « Tant que tu porteras cet habit, en mettant la main à la poche, tu en tireras toujours une poignée d’or. » Puis, après avoir dépouillé l’ours de sa peau, il ajouta : « Ceci sera ton manteau et aussi ton lit, car tu n’en devras pas avoir d’autre. Et à cause de ce vêtement on t’appellera Peau-d’ours. » Là-dessus le diable disparut.

Le soldat passa l’habit, et, mettant la main dans sa poche, il trouva que le diable ne l’avait pas trompé. Il endossa aussi la peau d’ours et se mit à parcourir le monde, se donnant du bon temps et ne se refusant rien de ce qui fait engraisser les gens et maigrir leur bourse. La première année, il était encore passable, mais la seconde, il avait déjà l’air d’un monstre. Ses cheveux lui couvraient presque entièrement la face, sa barbe était emmêlée et comme feutrée, et son visage tellement couvert de crasse que, si on y avait semé de l’herbe, elle aurait levé. Il faisait fuir tout le monde. Mais cependant, comme il donnait à tous les pauvres en leur demandant de prier Dieu pour qu’il ne mourût pas dans les sept ans, et comme il parlait en homme de bien, il trouvait toujours un gîte.

La quatrième année, il entra dans une auberge,