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Page:Baudry - Contes choisis des frères Grimm.djvu/138

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en choisiras une pour ta femme. Elle ne s’y refusera pas quand elle saura ce que tu viens de faire pour moi. A la vérité tu as l’air un peu bizarre, mais une femme t’aura bientôt reformé. »

Peau-d’ours consentit à accompagner le vieillard. Mais quand l’aînée aperçut cet horrible visage, elle fut épouvantée qu’elle s’enfuit en poussant des cris. La seconde le considéra de pied ferme et le toisa de la tête aux pieds, mais elle lui dit : « Comment accepter un mari qui n’a pas figure humaine ? J’aimerais mieux cet ours rasé que j’ai vu un jour à la foire, et qui était habillé comme un homme, avec une pelisse de hussard et des gants blancs. Au moins il n’était que laid ; on pouvait s’y accoutumer. »

Mais la plus jeune dit : « Cher père, ce doit être un brave homme, puisqu’il nous a secourus ; vous lui avez promis une femme : il faut faire honneur à votre parole. » Malheureusement, le visage de Peau-d’ours était couvert de poil et de crasse ; sans cela on eût pu y voir briller la joie qui épanouit son cœur quand il entendit ces paroles. Il prit un anneau à son doigt, le brisa en deux et en donna une moitié à sa fiancée, en lui recommandant de la bien conserver pendant qu’il gardait l’autre. Dans la moitié qu’il donnait, il inscrivit son propre nom, et celui de la jeune fille dans celle qu’il gardait pour lui. Puis il prit congé d’elle en disant :