Page:Baudry - Contes choisis des frères Grimm.djvu/194

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
178

et de reprendre le sac. Ils furent bientôt atteints par deux régiments qui leur crièrent : « Vous êtes prisonniers, rendez le sac et l’or qu’il contient, ou vous êtes massacrés sur l’heure.

— Que dites-vous là ? répliqua le souffleur, que nous sommes prisonniers ? Auparavant vous danserez tous en l’air. »

Et bouchant une de ses narines, il se mit à souffler de l’autre sur les deux régiments ; et ils furent dispersés çà et là dans le bleu du ciel, par-dessus monts et vallées. Un vieux sergent-major cria grâce, ajoutant qu’il avait neuf cicatrices, et qu’un brave comme lui ne méritait pas d’être traité si honteusement. Le souffleur s’arrêta un peu, de sorte que le sergent retomba sans se blesser ; mais il lui dit : « Va trouver ton roi, et fais-lui savoir qu’il aurait dû envoyer plus de monde contre nous, et que je les aurais tous fait sauter en l’air. »

Le roi apprenant l’aventure, dit : « Il faut les laisser aller ; les drôles sont sorciers. » Les six compagnons emportèrent donc leurs richesses ; ils en firent le partage et vécurent heureux jusqu’à la fin.