Page:Baudry - Contes choisis des frères Grimm.djvu/201

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


LES TROIS HÉRITIERS CHANCEUX.


Un père fit venir ses trois fils devant lui, et leur donna, au premier un coq, au second une faux et au troisième un chat. « Je suis vieux, leur dit-il, ma mort est proche ; je veux prendre soin de votre avenir avant qu’elle arrive. Je n’ai pas d’argent à vous laisser, et les choses que je vous donne aujourd’hui vous paraissent sans doute de peu de valeur ; mais tout dépend de la manière dont vous saurez les employer : cherchez chacun un pays où l’objet que vous avez soit inconnu, et votre fortune est faite. »

A la mort du père, l’aîné des fils se mit en route avec son coq ; mais partout où il passait le coq était déjà connu : dans les villes, il se voyait au sommet des clochers, tournant à tous les vents ; dans les campagnes, il l’entendait sans cesse chanter, et personne n’admirait sa bête, si bien qu’il n’avait pas l’air d’être sur le chemin de la fortune.

Enfin il arriva dans une île où personne ne savait ce que c’était qu’un coq ; aussi y était-on fort em-