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vantes, la fatigue se trouva au-dessus de ses forces. Les gouttes de sueur baignaient son front et coulaient tantôt froides et tantôt brûlantes sur son corps. « La mère, dit-il, je n’en peux plus ; je vais me reposer un peu.

— Non, dit la vieille ; quand nous serons arrivés vous pourrez vous reposer ; maintenant il faut marcher. Qui sait si cela ne vous sera pas bon à quelque chose ?

— Vieille, tu es une effrontée, » dit le comte. Et il voulut se défaire du sac, mais il y perdit sa peine ; le sac était aussi bien attaché que s’il n’eût fait qu’un avec son dos. Il se tournait et se retournait, mais sans réussir à se dégager.

La vieille se mit à rire et à sauter toute joyeuse sur sa béquille. « Ne vous fâchez pas, mon cher monsieur, dit-elle ; vous voilà en vérité rouge comme un coq ; portez votre fardeau patiemment ; quand nous serons arrivés à la maison, je vous donnerai un bon pourboire. »

Qu’eût-il pu faire ? Il fallait se soumettre et se traîner patiemment derrière la vieille. Elle semblait devenir plus leste de moment en moment, et son fardeau à lui devenait plus lourd. Tout d’un coup elle prit son élan, sauta sur le sac et s’assit dessus : tout étique qu’elle était, elle pesait pourtant plus que la plus grosse villageoise. Les genoux du jeune homme tremblaient ; mais, quand il s’ar-