Page:Baudry - Contes choisis des frères Grimm.djvu/227

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
211

porte, et la jeune fille voulut lui conter ce qui lui était arrivé ; mais la vieille sourit de bonne grâce et dit : « Je sais tout déjà. » Elle la conduisit dans la chambre et alluma quelques copeaux. Mais elle ne se rassit pas près de son rouet ; elle prit un balai et commença à balayer et à épousseter. « Tout doit être propre et net ici, dit-elle h la jeune fille.

— Mais, ma mère, reprit celle-ci, pourquoi commencer ce travail à une heure si avancée ? Quelle est votre pensée ?

— Sais-tu quelle heure il est ? demanda la vieille.

— Il n’est pas encore minuit, répondit la jeune fille ; mais onze heures sont passées.

— Ne songes-tu pas, continua la vieille, qu’il y a aujourd’hui trois ans que tu es venue chez moi ? Ton temps est fini ; nous ne pouvons plus rester ensemble. »

La jeune fille fut tout effrayée et dit : « Ah ! bonne mère, voulez-vous me chasser ? Où irai-je ? Je n’ai point d’amis, point de patrie où je puisse chercher un asile. J’ai fait tout ce que vous avez voulu, et vous avez toujours été contente de moi ; ne me renvoyez pas. »

La vieille ne voulait pas dire à la jeune fille ce qui allait lui arriver. « Je ne peux rester ici plus longtemps, lui dit-elle ; mais, quand je quitterai ce logis, il faut que la maison et la chambre soient propres ; ne m’arrête donc point dans mon travail.