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barre de fer si grande et si épaisse, que c’était tout ce que les chevaux pouvaient porter. Le jeune homme la prit, et ratch ! il la brisa sur son genou comme un fétu et jeta les morceaux de côté. Le père attela quatre chevaux, et rapporta une autre barre de fer qu’ils avaient peine à traîner. Mais son fils la brisa encore sur son genou en disant : « Celle-ci ne vaut rien encore ; allez m’en chercher une plus forte. » Enfin le père mit huit chevaux, et en rapporta une que l’attelage transportait à peine. Quand le fils l’eut prise dans sa main, il en cassa un petit bout à l’extrémité et dit à son père : « Je vois bien que vous ne pouvez pas me procurer une barre de fer comme il m’en faut. Je m’en vais de chez vous. »

Pour courir le monde il se fit compagnon forgeron. Il arriva dans un village où il y avait un forgeron avare, ne donnant jamais rien à personne et voulant toujours tout garder pour lui tout seul. Il se présenta dans sa forge et lui demanda de l’ouvrage. Le maître était ravi de voir un homme si vigoureux, comptant qu’il donnerait un bon coup de marteau et gagnerait bien son argent. « Combien veux-tu de gages ? lui demanda-t-il.

— Rien, répondit le garçon ; seulement, à chaque quinzaine, quand on payera les autres, je veux te donner deux coups de poing que tu seras obligé de recevoir. »