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que sa femme lavait et habillait les enfants, de faire quelques pas dans la plaine et d’aller voir comment poussaient ses navets. Les navets étaient tout près de sa maison, et il était dans l’habitude d’en manger, lui et sa famille ; aussi les regardait-il comme lui appartenant. Aussitôt dit, aussitôt fait. Le hérisson ferma la porte derrière lui, et se mit en route. Il était à peine hors de chez lui et il allait justement tourner un petit buisson qui bordait le champ où étaient les navets, quand il rencontra le lièvre, qui était sorti dans une intention toute semblable pour aller visiter ses choux. Quand le hérisson aperçut le lièvre, il lui souhaita amicalement le bonjour. Mais le lièvre, qui était un grand personnage à sa manière , et de plus très-fier de son naturel, ne rendit pas le salut au hérisson, mais lui dit, et d’un air extrêmement moqueur. « Comment se fait-il que tu coures comme cela les champs par une si belle matinée ?

— Je vais me promener, dit le hérisson.

— Te promener ! dit en riant le lièvre ; il me semble qu’il te faudrait pour cela d’autres jambes. »

Cette réponse déplut extraordinairement au hérisson ; car il ne se fâchait jamais, excepté quand il était question de ses jambes, précisément parce qu’il les avait torses de naissance. « Tu t’imagines peut-être, dit-il au lièvre, que tes jambes valent mieux que les miennes ?