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Page:Baudry - Contes choisis des frères Grimm.djvu/325

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moi ; elle a dit à la cuisinière qu’elle me mangerait demain en potage, et ce soir il faudra me laisser couper le cou. Aussi crié-je de toute mon haleine, pendant que je respire encore.

— Bon ! dit l’âne, crête rouge que tu es, viens plutôt à Brème avec nous ; tu trouveras partout mieux que la mort tout au moins ; tu as une bonne voix, et, quand nous ferons de la musique ensemble, notre concert aura une excellente façon. »

Le coq trouva la proposition de son goût, et ils détalèrent tous les quatre ensemble. Ils ne pouvaient atteindre la ville de Brème le même jour ; ils arrivèrent le soir dans une forêt où ils comptaient passer la nuit. L’âne et le chien s’établirent sous un grand arbre, le chat et le coq y grimpèrent, et même le coq prit son vol pour aller se percher tout au haut, où il se trouverait plus en sûreté. Avant de s’endormir, comme il promenait son regard aux quatre vents, il lui sembla qu’il voyait dans le lointain une petite lumière ; il cria à ses compagnons qu’il devait y avoir une maison à peu de distance, puisqu’on apercevait une clarté. « S’il en est ainsi, dit l’âne, délogeons et marchons en hâte de ce côté, car cette auberge n’est nullement de mon goût. » Le chien ajouta : « En effet, quelques os avec un peu de viande ne me déplairaient pas. »

Ils se dirigèrent donc vers le point d’où partait la lumière ; bientôt ils la virent briller davantage et