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Pendant qu’ils naviguaient en pleine mer, le fidèle Jean, étant assis un jour à l’avant du navire, aperçut dans l’air trois corneilles qui vinrent se poser devant lui. Il prêta l’oreille à ce qu’elles se disaient entre elles, car il comprenait leur langage. « Eh bien ! disait la première, il emmène la princesse du Dôme d’or !

— Oui, répondit la seconde, mais il ne la tient pas encore.

— Comment ? dit la troisième ; elle est assise près de lui.

— Qu’importe ? reprit la première ; quand ils débarqueront, on présentera au roi un cheval roux ; il voudra le monter ; mais, s’il le fait, le cheval s’élancera dans les airs avec lui, et on n’aura plus jamais de leurs nouvelles.

— Mais, dit la seconde, n’y a-t-il donc aucune ressource ?

— Il y en a une, dit la première : il faut qu’une autre personne s’élance sur le cheval et que, saisissant dans les fontes un pistolet, elle le tue roide. On préserverait ainsi le roi. Mais qui peut savoir cela ? Et encore celui qui le saurait et le dirait serait changé en pierre depuis les pieds jusqu’aux genoux. »

La seconde corneille dit à son tour : « Je sais quelque chose de plus encore. En supposant que le cheval soit tué, le jeune roi ne possédera pas