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Page:Baudry - Contes choisis des frères Grimm.djvu/65

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— Sois tranquille, répondit le bon petit homme, je n’y toucherai pas. » Et il remit sur l’eau le canard qu’il avait pris.

En se retournant, il vit un grand arbre à moitié creux, autour duquel volaient des abeilles sauvages. « Me voilà récompensé de ma bonne action, se dit-il, je vais me régaler de miel. » Mais la reine des abeilles, sortant de l’arbre, lui déclara que, s’il touchait à son peuple et à son nid, il se sentirait à l’instant percé de mille piqûres ; que si, au contraire, il les laissait en repos, les abeilles pourraient lui rendre service plus tard.

Le tailleur vit bien qu’il n’y avait encore rien à faire de ce côté-là. « Trois plats vides, et rien dans le quatrième, se disait-il, cela fait un triste dîner. »

Il se traîna, exténué de faim, jusqu’à la ville ; mais, comme il y entra à midi sonnant, la cuisine était toute prête dans les auberges, et il n’eut qu’à se mettre à table. Quand il eut fini, il parcourut la ville pour chercher de l’ouvrage, et il en eut bientôt trouvé à de bonnes conditions. Comme il savait son métier à fond, il ne tarda pas à se faire connaître, et chacun voulait avoir son habit neuf de la façon du petit tailleur. Sa renommée croissait chaque jour. Enfin, le roi le nomma tailleur de la cour.

Mais voyez comme on se retrouve dans le monde ! Le même jour, son ancien camarade le cordonnier avait été nommé cordonnier de la cour. Quand il