Page:Baudry - Contes choisis des frères Grimm.djvu/71

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tailleur par le don d’une grande maison en pierres de taille.

Le cordonnier ne se tint pas pour battu. Il alla une troisième fois trouver le roi, et lui dit : « Sire, il est revenu aux oreilles du tailleur qu’on avait toujours tenté vainement de creuser un puits dans la cour de votre palais ; il s’est vanté d’y faire jaillir un jet d’eau haut comme un homme et clair comme le cristal. »

Le roi fit venir le tailleur et lui dit : « Si demain il n’y a pas un jet d’eau dans la cour comme tu t’en es vanté, dans cette même cour mon bourreau te raccourcira la tête. »

L’infortuné tailleur gagna sans plus tarder les portes de la ville, et comme cette fois il s’agissait de sa vie, les larmes lui coulaient le long des joues. Il marchait tristement, quand il fut accosté par le poulain auquel il avait accordé la liberté, et qui était devenu un beau cheval bai brun. « Voici le moment arrivé, lui dit-il, où je peux te montrer ma reconnaissance. Je connais ton embarras, mais je t’en tirerai ; enfourche-moi seulement ; maintenant j’en porterais deux comme toi sans me gêner.  »

Le tailleur reprit courage ; il sauta sur le cheval, qui galopa aussitôt vers la ville et entra dans la cour du palais. Il y fit trois tours au galop, rapide comme l’éclair, et au troisième il s’arrêta