Page:Baudry - Contes choisis des frères Grimm.djvu/73

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« C’est impossible s’écria-t-il enfin, il faut que je m’en aille ; il n’y pas ici de repos pour moi. » Il fit son paquet et se hâta de sortir de la ville.

En passant par la prairie, il aperçut sa vieille amie la cigogne, qui se promenait en long et en large comme un philosophe, et qui de temps en temps s’arrêtait pour considérer de tout près quelque grenouille qu’elle finissait par gober. Elle vint au-devant de lui pour lui souhaiter le bonjour. « Eh bien ! lui dit-elle, te voilà le sac au dos, tu quittes donc la ville ? »

Le tailleur lui raconta l’embarras où le roi l’avait mis, et se plaignit amèrement de son sort. « Ne te fais pas de mal pour si peu de choses, répliqua-t-elle. Je te tirerai d’affaire. J’ai assez apporté de petits enfants[1] ; je peux bien, pour une fois, apporter un petit prince. Retourne à ta boutique et tiens-toi tranquille. D’aujourd’hui en neuf jours, sois au palais du roi ; je m’y trouverai de mon côté. »

Le petit tailleur revint chez lui, et le jour convenu il se rendit au palais. Un instant après, la cigogne arriva à tire-d’aile et frappa à la fenêtre. Le tailleur lui ouvrit, et la commère aux longs pieds entra avec précaution et s’avança gravement sur le pavé de marbre. Elle tenait à son bec un en-

  1. Autre tradition allemande qui se raconte aux enfants curieux. Voy. J. Grim, Deutsche Mythologie, p. 638. (Note du traducteur.)