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LE PÊCHEUR ET SA FEMME


Il y avait une fois un pêcheur et sa femme, qui habitaient ensemble une cahute[1] au bord de la mer, le pêcheur allait tous les jours jeter son hameçon, et il le jetait et le jetait encore.

Un jour il était assis près de sa ligne, sur le rivage, le regard tourné du côté de l’eau limpide, et il restait assis, toujours assis ; tout à coup il vit l’hameçon plonger et descendre profondément, et quand il le retira, il tenait au bout une grosse barbue. La barbue lui dit : « Je te prie de me laisser vivre ; je ne suis pas une vraie barbue, je suis un prince enchanté. A quoi te servirait de me faire mourir ? Je ne serais pas pour toi un grand régal ; rejette-moi dans l’eau et laisse-moi nager.

— Vraiment, dit l’homme, tu n’as pas besoin d’en dire si long, je ne demande pas mieux que de laisser nager à son aise une barbue qui sait parler. »

  1. Le texte allemand va plus loin, il dit Pisspott, littéralement pot de chambre. Nous n’avons pas cru devoir traduire exactement cette expression par trop figurée. (Note du traducteur.)