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Page:Baudry - Contes choisis des frères Grimm.djvu/88

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que je les voie se lever sans mon commandement, je n’y pourrai tenir, et je n’aurai pas une heure de bon temps ; je songerai toujours que je ne puis les faire lever moi-même. »

Et en disant cela, elle le regarda d’un air si effrayant qu’il sentit un frisson lui courir par tout le corps.

« Marche à l’instant, je veux devenir pareille au bon Dieu »

— Ah ! femme, dit l’homme eu se jetant à ses genoux, la barbue ne peut pas faire cela. Elle peut bien te faire impératrice et pape ; je t’en prie, rentre en toi-même, et contente-toi d’être pape. »

Alors elle se mit en fureur, ses cheveux volèrent en désordre autour de sa tête, elle déchira son corsage, et donna à son mari un cou de pied en criant :

« Je n’y tiens plus, je n’y puis plus tenir ! Veux-tu marcher à l’instant même ? »

Alors il s’habilla rapidement et se mit à courir comme un insensé.

Mais la tempête était déchaînée, et grondait si furieuse qu’à peine il pouvait se tenir sur ses pieds ; les maisons et les arbres étaient ébranlés, les éclats de rochers roulaient dans la mer, et le ciel était noir comme de la poix ; il tonnait, il éclairait, et la mer soulevait des vagues noires, aussi hautes que des clochers et des montagnes, et à leur sommet