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XIV

où bob fait, sans succès, une tentative de rapprochement

Dès le lendemain de son acquittement, Marcel était entré au service de monsieur Bernard. Cette situation que, quelques semaines auparavant, il avait jugée indigne de lui, lui paraissait, après sa pénible aventure, réunir tous les charmes que peut prendre, aux yeux de l’alpiniste égaré, le moindre petit refuge. Au milieu de tant de livres, pour lesquels monsieur Bernard lui enseignait à avoir, du respect, aux côtés surtout de ce vieillard extraordinaire, en qui semblaient s’être donné rendez-vous toutes les philosophies, dont le bon sens guidait les moindres réflexions, Marcel se laissait pousser vers l’oubli du cauchemar qui venait de bouleverser sa vie, et comme à cet âge les catastrophes laissent derrière elles des sillons bien vite comblés, des regrets rapidement éteints, le jeune homme réapprenait à chanter et à rire, déjà persuadé que le mauvais rêve qu’il venait de faire, ne laisserait pas plus de traces dans la mémoire des autres que dans la sienne.

Si la métamorphose qui s’était opérée en Marcel enchantait quelqu’un, c’était bien Ninette. Cette finesse intuitive, qui est le partage de tant de femmes, et qui chez elle remplaçait si avantageusement l’observation, lui disait que l’ascendant que prenait monsieur Bernard sur son frère, et qui se faisait chaque jour sentir davantage, ne pouvait que lui être bienfaisant. Et elle allait jusqu’à comparer cet ascendant, cette influence, à la perche