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RUE PRINCIPALE

sion d’une partie de l’argent qui vous revenait. Cette confession, vous la signerez, je la signerai comme témoin, et on demandera, disons à Mathieu et à Girard, qui vont venir ici ce soir, et qui sont des gens discrets en qui j’ai toute confiance, de la signer eux aussi. Ensuite, c’est très simple, nous nous tairons pendant huit jours, et vous, pendant ce temps-là, vous pourrez passer la frontière et vous mettre à l’abri. Qu’en dites-vous ?

— Moi, je trouve que c’est parfait, dit Marcel.

— Oui, dit André, mais il y a maman. Qui est-ce qui va l’aider si je m’en vais ?

— Mais vous ne serez pas plus en mesure de l’aider si vous allez en prison.

— C’est vrai.

— Mais, dit Marcel, pour t’en aller, il te faut de l’argent. En as-tu ?

— Non, je n’en ai pas.

— Oui, évidemment, il y a ça, dit monsieur Bernard. Mais, en somme, c’est un détail. Je n’ai jamais aimé faire les choses à moitié et…

Il sortit son portefeuille, en tira deux billets, qu’il tendit à André.

— Prenez ça, dit-il, ça vous donnera le temps de vous retourner.

Mais André Lamarche eut un geste de recul.

— Je ne peux pas accepter ça, monsieur Bernard. Vous en faites déjà suffisamment pour moi et…

L’excellent homme insista :

— Mais oui, mais oui ! D’ailleurs je ne vous le donne pas, cet argent-là, je vous le prête. Je sais bien qu’un jour ou l’autre, quand vous le pourrez, vous aurez à cœur de me le rendre. Et en ce qui concerne votre mère et votre sœur, soyez tranquille, Marcel et moi nous veillerons à ce qu’elles