Page:Baudry - Rue Principale 1 les Lortie, 1940.djvu/201

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
199
LES LORTIE

Décidément il ne payait pas de mine, le bel escroc, avec sa barbe de trois jours.

— Bonjour Cunégonde, fit-il.

Langelier laissa à Cunégonde le temps de répondre. Voyant qu’elle n’en faisait rien, il s’adressa au prisonnier :

— Lanctôt, vous allez faire vous-même, à mademoiselle Décarie, la proposition dont vous m’avez parlé hier. Je ne vous dirai pas que je lui ai conseillé d’accepter, mais si elle le fait, il ne s’agira pas de jouer au fou, hein ? Il s’agira de respecter point par point l’engagement que vous aurez pris.

— Mais bien sûr, monsieur le chef de police, bien sûr ! répondit Lanctôt prêt, à ce moment, à souscrire à toutes les conditions et à faire toutes les promesses.

Il se tourna vers Cunégonde, sembla réfléchir sur la meilleure façon d’attaquer son sujet, et dit, très simplement :

— Cunégonde…

Mais il se fit interrompre séance tenante.

— Mademoiselle Décarie, s’il vous plaît ! corrigea Cunégonde.

— Mademoiselle Décarie, reprit-il, si je t’ai écrit hier…

Encore une fois l’interruption cingla :

— Je ne veux pas que tu me tutoies… Euh… je ne veux pas que vous me disiez tu !

— Excuse, pardon, bredouilla-t-il… Euh… est-ce que monsieur Langelier t’a… vous a expliqué ma proposition ?

— Je n’ai rien expliqué du tout, fit le chef.

— Eh bien voilà ! reprit Lanctôt. Je sais bien que j’ai mal agi avec vous, et je ne cherche pas d’excuses pour ce que j’ai fait ; mais ce qu’il faut