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RUE PRINCIPALE

— Oh ! fit-elle, je ne sais pas grand chose que tu ne saches déjà, probablement : mais il y a une chose certaine, c’est que c’est un peu à cause de toi que tout ça est arrivé.

— À cause de moi ? s’étonna-t-il.

— Tu sais aussi bien que moi que Sénécal en voulait à Ninette depuis longtemps.

— Oui, parce qu’elle n’avait pas voulu de lui. Je sais.

— Et moi aussi je lui en voulais, Bob. Parce que…

— Pacque que ?

— À cause de toi.

– Ouais…

– Ça fait que quand l’affaire de Marcel est arrivée, j’ai rencontré Sénécal, un soir. On s’est mis à parler de ça, puis il m’a suggéré de profiter de la circonstance pour faire de la misère à Ninette et pour essayer de la forcer à quitter Saint-Albert.

— Et alors ?

— Alors, comme Sénécal travaillait pour Blanchard et qu’il pensait que monsieur Bernard serait dangereux dans les élections, il a voulu faire d’une pierre deux coups, et faire de la misère à Bernard en même temps. Ensuite il m’a dit qu’il connaissait un gars qui se chargerait…

– Oui, interrompit Bob, de faire tous les mauvais coups à votre place. Et ce gars-là, c’est Jeannotte. Tout ça, on le sait, Suzanne.

— Seulement, poursuivit-elle, Sénécal a pris goût au jeu et l’a poussé un peu loin sans m’en parler. Il a même été tellement maladroit que Jeannotte l’a fait chanter et lui a réclamé cinq cents piastres au lieu des deux cents qu’il lui avait pro-