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RUE PRINCIPALE

cat comme vous dites, rompu à toutes les ficelles, cela va coûter épouvantablement cher !

— Voilà justement ce qui vous trompe et voilà justement aussi où je crois pouvoir vous rendre service. Mais je vous en prie, mettez-vous à l’aise ! Vous êtes là assise sur le bord de votre chaise comme si je vous intimidais !

Ninette eût pu répondre que ce qui la mettait mal à l’aise, c’était l’indiscrétion, la pesanteur de certains regards. Ah ! si elle avait pu allonger sa robe et en supprimer le pourtant bien modeste décolleté ! Elle essaya pourtant de prendre une pose moins guindée. Lamarre reprit :

— Je vais à Montréal cet après-midi et, si vous m’y autorisez, j’irai voir un de mes amis, un condisciple de collège qui est aujourd’hui l’un des avocats criminels les plus en vue de notre jeune barreau. Je suis sûr qu’il ne refusera pas à notre vieille amitié de prendre la défense de votre frère, et je peux vous garantir qu’il ne vous demandera pas plus d’argent que le plus pâle de nos petits avocats locaux. C’est dit ?

— Mon Dieu, monsieur Lamarre, je ne sais comment vous remercier et j’aurais certainement mauvaise grâce à refuser. D’un autre côté, je ne voudrais pas abuser de… de…

— Voyons, voyons, je vous en prie, vous n’abusez pas du tout ! D’ailleurs, vous rendre service, c’est un plaisir que je m’accorde à moi-même. Vous m’êtes tellement sympathique, mademoiselle Lortie, oui tellement sympathique.

Le discours n’en serait peut-être pas resté là si trois coups n’avaient été frappés à la porte. C’était Louis qui avait besoin de deux ampoules électriques. Ninette en profita pour aller remplacer