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VIII

où l’on rencontre, tour à tour, une vipère en automobile et le démon vert de la jalousie

Ninette, dans sa caisse, jouait machinalement avec un rouleau de billets et regardait, sans le voir, ce pauvre Louis qui somnolait sur sa chaise. Il y avait plus d’une demi-heure qu’il ne s’était présenté un spectateur ; et c’était tant mieux, car la jolie caissière eût éprouvé bien de la difficulté à ébaucher un sourire, si commercial fut-il. C’est que, vingt minutes auparavant, Bob lui avait appris, au téléphone, une nouvelle qui, pour ne pas être inattendue, n’en était pas moins désastreuse. Le juge venait de fixer le procès de Marcel au mardi suivant, c’est-à-dire à quatre jours ; et Bob n’avait toujours pas réussi à faire progresser son enquête.

Quatre jours ! Les chances qui restaient de retrouver, en si peu de temps, le véritable propriétaire de l’arme découverte dans la poche de Marcel, étaient, il fallait bien se l’avouer, d’une minceur désespérante. Selon toutes probabilités le jeune homme allait donc faire face au tribunal sans pouvoir opposer à l’accusation un argument de poids ou un semblant de preuve. Le problème de la défense se posait maintenant avec une acuité qui mettait, au cœur de Ninette, le remords de l’avoir traité trop légèrement jusque-là. Il fallait trouver un avocat à Marcel ; il fallait lui en trouver un tout de suite, et il fallait surtout lui en trouver un bon. Si, avant le procès, Bob trouvait ce qu’il cher-