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RUE PRINCIPALE

alors Cunégonde pourrait lui expliquer. Quoique cela, ce n’était pas encore exactement la solution rêvée. Il était tellement jaloux de Lamarre, ce pauvre Bob, qu’au lieu de se montrer satisfait de l’explication, il pourrait fort bien entrer dans une colère bleue et…

Ninette fut tirée de ses réflexions par un brusque ralentissement de l’auto. À deux cents pieds, sur la route, une silhouette féminine se détachait. Et cette silhouette faisait de grands gestes des deux bras.

— Mais je ne me trompe pas, dit Lamarre, en posant le pied sur la pédale du frein, c’est mademoiselle Legault !

C’était bien elle en effet ; c’était bien la fille du marchand de chaussures, la jolie Suzanne ; celle pour qui Marcel avait fait plus d’une sottise depuis quelques mois, et pour qui Bob semblait avoir eu un penchant assez vif l’année précédentes.

L’auto s’arrêta et Suzanne, en en reconnaissant les occupants, montra beaucoup de joie :

— Tiens ! s’écria-t-elle, Monsieur Lamarre. Ça alors, c’est une chance ! Bonjour Ninette.

— Bonjour, répondit Ninette le plus aimablement qu’elle put.

— Qu’est-ce qui se passe ? questionna Lamarre. Vous êtes en panne ?

— Ne m’en parlez pas ! Je ne sais pas du tout ce que ça veut dire ; mon moteur s’est arrêté et je ne parviens plus à le remettre en marche.

— Ma foi, répondit Lamarre en mettant pied sur la route, mes connaissances mécaniques sont plutôt rudimentaires, mais si je peux faire quelque chose, ce sera avec le plus grand plaisir.

Ninette ne bougea pas. De sa place, elle entendit bientôt Lamarre essayer de mettre le moteur