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RUE PRINCIPALE

Et elle fit mine de se lever. Bob lui mit la main sur le bras et la força à se rasseoir.

— Tu en as trop dit à présent ! Qu’est-ce que c’est que cette histoire de Lamarre et de Montréal ?

— Mais ce n’est pas une histoire. Bob, je t’assure. Je sais que Ninette est partie pour Montréal, cet après-midi vers quatre heures, avec René Lamarre, qu’ils devaient souper ensemble et aller au théâtre ou ailleurs.

— Qui est-ce qui t’a dit ça, toi ?

— Mais c’est Lamarre lui-même.

— Lamarre ? Où ça ? Quand ?

— Écoute, Bob, c’est bien simple : je les ai rencontrés tous les deux sur la route. Figure-toi qu’en revenant de Montréal, j’ai manqué de gazoline ; alors j’ai arrêté la première machine qui s’en venait, et c’était justement celle de Lamarre.

— Ouais… — C’est là qu’il m’a dit qu’il emmenait Ninette souper en ville.

— Je vois, dit Bob les dents serrées ; et il t’a demandé de n’en rien dire à personne, je suppose !

— Mais non, Bob, non ; il n’a pas été question de ça.

— Et toi, évidemment, tu as fait exprès de venir ici pour pouvoir me raconter ça !

Suzanne voulut protester. Elle n’en eut pas le temps. Déjà Bob était debout et s’élançait vers la porte, qu’il franchit en coup de vent. Où pouvait-il bien courir ainsi ? Avait-il le fol espoir de retrouver Ninette et Lamarre dans cet immense Montréal ? Suzanne, contente de l’effet produit, haussa les épaules et appela Aurore. Après tout, puisqu’elle était chez Gaston, pourquoi ne pas en profiter pour manger ?…