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Page:Baudry - Rue Principale 1 les Lortie, 1940.djvu/91

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LES LORTIE

ro un. Le fait est d’autant plus grave, Votre Seigneurie, que l’accusé est un jeune homme fréquentant avec assiduité des endroits dont la réputation laisse plutôt à désirer et que…

L’avocat de Marcel bondit.

— Je m’objecte, Votre Seigneurie ! Cela n’a aucun rapport avec la cause ! Je prierais mon savant confrère de ne pas faire de zèle intempestif et de s’en tenir aux faits de l’accusation !

— Objection maintenue, décida le juge qui voulait voir les choses marcher bon train.

— Votre Seigneurie, reprit Falardeau, quand l’arme a été découverte dans une des poches de l’accusé, il a prétendu, contre toute vraisemblance, qu’il ne l’avait jamais vue auparavant. Malgré les objurgations qui lui ont été faites depuis, il s’est entêté à ne pas vouloir changer son système de défense…

— Pourquoi auriez-vous voulu qu’il changeât son système de défense, interrompit Martin ? Il dit la vérité depuis le début et, quoique mon savant confrère qualifie cette vérité d’invraisemblable, je lui prouverai tout-à-l’heure qu’elle n’en est pas moins éclatante !

Le public pouvait difficilement contenir sa joie. Un avocat de la défense qui interrompait Falardeau deux fois en autant de minutes, cela ne s’était jamais vu et promettait bien des satisfactions pour toute la durée du procès. Le juge Mercure, lui, fronçait les sourcils. Si maître Léon Martin continuait à retarder les débats ainsi, il allait les faire durer jusqu’au lendemain et priver Sa Seigneurie de ses dix-huit trous, deux jours de suite !

Falardeau, quelque peu décontenancé, haussa les épaules et demanda à interroger Marcel. Cet interrogatoire, émaillé de nombreuses interruptions