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LE FÉMINISME AU TEMPS DE MOLIÈRE

réclamé pour les filles à marier le droit de dire, au moins, leur mot, quand il s’agissait de disposer d’elles pour la vie.

Toute la littérature du XVIIe siècle témoigne que les femmes, un peu partout, organisaient la résistance contre la tyrannie des pères, des tuteurs et des maris. Si les pièces de Molière ont une valeur documentaire, ses Léonore, ses Isabelle, ses Agnès et ses Angélique ne sont pas de purs symboles. Elles ont vécu aussi. Avec moins d’ingénuité, mais souvent plus d’audace, Agnès était légion. Elle se faisait enlever de son couvent par de hardis cavaliers. Ou si le sort lui était bienveillant, on la voyait, dans quelque monastère de mœurs faciles, tel le fameux cloître de Longchamp, tisser la trame d’agréables romans. Les parloirs s’y ouvraient largement aux galants ; Agnès pouvait, avec la complicité des tourières, se confesser des heures durant à son