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LE FÉMINISME AU TEMPS DE MOLIÈRE

de supporter une chose insupportable ; et ce qui, à mon sens, est le plus haut point de la tyrannie du mariage, elle est obligée, dis-je, de recevoir dans son sein glacé les ardeurs de son mari, d’essuyer les caresses d’un homme qui lui déplaît, qui est l’horreur de ses sens et de son cœur. Elle se trouve dans ses bras, elle en reçoit des baisers, et, quelque obstacle que son aversion et sa peine puissent rechercher, elle est contrainte de se soumettre et de recevoir la loi du vainqueur… »

On reconnaît là, déjà, l’essentiel des arguments que feront valoir au XIXe

    Cf. Princesse d’Élide, acte II, sc. ii :
    « Pour moi, quand je regarde certains exemples et les bassesses épouvantables où cette passion ravale les personnes sur qui elle étend sa puissance, je sens tout mon cœur qui s’émeut… »
    Pour être à peu près traduite de l’espagnol, cette œuvre bâclée et inachevée n’en est pas moins intéressante, si l’on veut rechercher l’influence de la préciosité sur la pensée de Molière. (Cette considération et plusieurs autres signalées en note dans la présente étude trouverait leur développement dans un ouvrage intitulé : Molière auteur précieux), qui paraîtra prochainement.)