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les années 1535 à 1540 dont nous avons parlé dans notre premier chapitre. Mais nous devons attribuer aussi une grande part de ce développement à l’influence de Guillaume Scève. Il était robablement plus âgé que Maurice, puisque Claude Rousselet lui adresse des épigrammes latines en 1532, à une époque où Maurice était encore occupé d’études, soit à Avignon, soit ailleurs.

Guillaume Scève avait fait ses études à Padoue et à Toulouse avec Étienne Dolet, Jean Visagier et Jean de Boissonné[1] avec lesquels il resta lié toute sa vie d’une amitié très intime. C’est probablement lui qui attirait tous ces hommes à Lyon. Boissonné seul n’y séjourna jamais longtemps. Il y passa la première fois en 1536 pour se rendre à la cour qui y était alors. À cette occasion, il fit aussi la connaissance de Maurice Scève, pourtant sans devenir très intime avec lui ; dans la correspondance très suivie qu’il entretint avec Guillaume[2], il se borne à le faire saluer dans quelques lettres.

Guillaume Scève avait une instruction fort étendue. Bien qu’il eût étudié la jurisprudence, il était à cette époque le correcteur et commanditaire principal de l’imprimerie de Sébastien Gryphe[3]. Le 19 octobre 1539, il fut nommé avec Boissonné conseiller au parlement de Chambéry nouvellement institué par François Ier. Il y eut à souffrir beaucoup d’inimitiés à cause de son caractère ergoteur et colérique. Il mourut en 1546 ; nous connaissons sa vie beaucoup mieux que celle de son cousin qui fut pourtant plus célèbre.

Il était très riche comme tous les Scève de Lyon. Nicolas Bourbon, dans ses Nugae[4], lui reproche de l’inviter trop souvent à ses dîners d’une opulence quasi lucullienne ; le pauvre poète ne se sentait plus en état de les digérer, souffrant de dyspepsie. Tant que Guillaume Scève fut à Lyon, il s’adonna à la poésie latine. Pourtant il ne reste de lui aucun ouvrage, ni imprimé, ni manuscrit ; tout ce qui s’est conservé de ses vers, ce sont quelques odes et épigrammes détachées qui se trouvent dans les œuvres

  1. Guibal, Georges. De Johannis Boissonei vita. thèse. Paris 1863. — Guibal Georges. Jean de Boisson ou la Renaissance à Toulouse. Toulouse 1863. — Mugnier, François. La vie et les poésies de Jean de Boyssonné. Mémoires et documents p. p. la société savoisienne d’histoire et d’archéologie, tome XXXVI. Chambéry 1897.
  2. p. p. J. Buche, d’après les ms. de Toulouse : Revue des langues romanes ; années 1895 à 1897. Cette correspondance ne nous apprend pas grand’chose sur l’école lyonnaise. Toutes les lettres dont Boissonné a composé son recueil, sont en latin. Écrites pour être conservées, elles manquent de détails et sentent trop souvent la préoccupation littéraire. (Mugnier) — Boissonné fit encore des séjours à Lyon en 1537 et 1538.
  3. Revue des langues romanes 1896. p. 81. — Christie, op. cit. p. 181.
  4. Lyon 1538.