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que la paroi antérieure de l’abdomen est rapprochée de la colonne vertébrale : il détermine donc l’incurvation du buste en avant ; de plus, il gêne considérablement le redressement du corps, car la compression transversale qu’il exerce au niveau de l’épigastre fixe toute la portion des muscles située au-dessous de la taille et diminue leur contractilité. L’action des muscles droits se trouve donc réduite à la partie comprise entre la taille et le sternum, c’est-à-dire à la moitié.

Or toute cette portion est comprimée concentriquement par le corset.

La portion de ces muscles située au-dessous de la taille devient passive et subit les fluctuations que lui impriment les viscères. On peut conclure de ce fait que l’action tout entière des muscles droits est annihilée.

Si donc la femme corsetée veut se redresser, elle ne peut le faire qu’à condition que son buste suive tout entier ce mouvement. Cette expérience est facile à réaliser. Examinons une femme ayant les bras en l’air ; lorsqu’elle n’a pas de corset, le bassin reste fixe et fournit un point d’appui au thorax qui se redresse sous l’action intégrale de la colonne vertébrale et des muscles dorso-lombaires ; avec le corset, au contraire, pour obtenir le même redressement, il faut mobiliser le bassin lui-même qui suit alors les mouvements du thorax. Les mouvements d’extension du buste au lieu d’être dus aux mouvements d’extension de la portion de la colonne vertébrale située entre les fausses côtes et le sacrum, et effectués par l’extension de l’articulation coxo-fémorale, la colonne vertébrale reste rigide, elle n’y participe pas.

En arrière, le corset est formé par une surface plane de haut en bas, modelant la partie postérieure du thorax, effaçant la saillie des os. À quoi cela aboutit-il ? En comprimant les muscles il les atrophie ; or ceux-ci ont pour but le redressement de la colonne vertébrale et l’accolement de l’omoplate au thorax : donc les saillies osseuses s’accentuent et le but inverse à celui qu’on voulait obtenir est atteint. Et encore ici, en diminuant l’action et la tonicité des muscles dorsaux, il gêne le redressement du buste.