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Bouvier est plus catégorique. Ici encore, il soutient le corset : mais ici encore il l’applique sur des organismes pathologiques. C’est ainsi qu’il soutient que dans les voussures latérales et postérieures du rachis le corset est de toute utilité : « Sans doute, dit-il, il va falloir s’attacher à mettre avant tout les muscles du dos en état de redresser la colonne vertébrale et de s’opposer à l’inclinaison du tronc en avant. Mais tant que le résultat n’est point obtenu, un soutien artificiel prévient l’aggravation de la courbure, la fatigue et l’élongation des muscles. Ce support n’est, d’ailleurs, que temporaire ; on le supprime peu à peu, à mesure que l’action musculaire acquiert toute son énergie. L’usage du corset ne conduit pas alors, comme on l’a dit, à l’inertie des muscles, mais au contraire il exerce sur eux une pression favorable à leur contraction ». Et il ajoute que, aujourd’hui d’ailleurs où l’on ne met les corsets aux filles que vers l’âge de la puberté, il est impossible d’attribuer à leur influence des déformations musculaires ou osseuses qui commencent à cette époque.

Quoi qu’il en soit, il faut convenir que des trois qualités essentielles attribuées par Winslow à la colonne vertébrale, la solidité, la légèreté, la flexibilité, cette dernière est devenue singulièrement lettre morte par l’effet du corset. Et même dans les exercices où elle est amplement mise à contribution, dans nos exercices chorégraphiques modernes, la voit-on singulièrement réduite. Nos danseuses modernes feraient piètre figure à côté de la sveltesse et la souplesse des bayadères, qui ignorent le corset. Et, d’ailleurs, comment peut-il en être autrement de nos ballerines, avec leurs grands corsets dont les goussets de la gorge montent haut et sont garnis d’un baleinage très serré, emboîtant les seins et les tenant immobiles ; dont un busc cambré fortement et les baleines disposées en éventail convergeant en bas soutiennent le ventre ; dont des goussets courts, emboîtant les hanches, permettent autant que possible les mouvements d’adduction et d’abduction, et dont en arrière la large surface s’arrête sous les omoplates, laissant un soupçon de liberté aux épaules. Quelle grâce espérer obtenir de tout cet