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Et c’est dans ces conditions, que si l’on pratique un examen, on voit, dit le professeur Audebert (de Toulouse), que la femme a au premier aspect le ventre tout à fait plat, puis à mesure qu’on lui dit de se dévêtir, on est étonné de voir que quand le corset s’enlève le ventre se relève, bondit pour ainsi dire, jusqu’à prendre les proportions d’un abdomen de femme à terme, ce que l’examen vérifie toujours. Rien d’étonnant alors que, sous l’influence d’une telle compression consciencieusement exagérée, portant sur l’organe en distension, pression à laquelle viennent s’ajouter les troubles respiratoires et circulatoires, le résultat soit le décollement prématuré de l’œuf et l’avortement ou l’enfant non viable.

C’est sous l’influence de ces préoccupations que l’on a toujours conseillé aux femmes, bien inutilement d’ailleurs presque toujours, de n’exercer sur leur ventre aucune compression susceptible d’entraver le développement de la matrice et de l’enfant qu’elle contient. Et, d’ailleurs, le mot enceinte, employé pour caractériser l’état de la femme qui a conçu, n’est-il pas emprunté à cet usage de la société romaine qui faisait aux femmes grosses l’obligation de poser la ceinture dont elles faisaient usage pour maintenir les plis de leur robe ?

Quand l’avortement est provoqué par le corset, le mal est relativement petit, car il est facile de supprimer la cause : mais le corset a parfois des résultats autrement funestes sur la vie des organes génitaux : l’utérus pouvant être mis en anté ou en rétroversion ; la compression pouvant changer ses rapports normaux avec les autres organes ; il y a là une cause mécanique de stérilité : cause mécanique à laquelle ne tardent pas à venir s’ajouter des phénomènes physio-pathologiques, la métrite et les écoulements leucorrhéiques.

Combien de jeunes femmes qui comptent plusieurs années de mariage déplorent encore leur malheureuse infécondité ! Elles font des vœux ardents pour être mères, mais elles ne pensent pas que l’oppression des organes dans lesquels l’être tant désiré doit recevoir la vie est peut-être la cause principale de leur stérilité. Qu’elles se mettent en liberté, qu’elles abjurent