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ANDRELINUS.

l’épargna là-dessus, à cause qu’il donnait du lustre à l’université de Paris. Il fut si heureux, que la liberté qu’il prit de piquer les théologiens ne lui fit pas des affaires. C’est Érasme qui nous apprend ces petites particularités (F).

Notez que j’ai laissé tout cet article dans la seconde édition de cet ouvrage au même état où il était dans la première édition, quoique l’on m’eût averti qu’il le fallait réformer en divers endroits. J’ai cru qu’il y aurait plus de modestie à donner à part les corrections qui n’ont été indiquées (G). Vous les trouverez ci-dessous dans une remarque [* 1].

    de regiâ in Genuenses victoriâ, libri tres. Paris, 1509, in-4o.

  1. * Malgré les corrections faites par Bayle, P. Marchand, tome II, pag. 269, dit que cet article n’est pas un des meilleurs de son Dictionnaire. Il reproche surtout à Bayle de n’avoir pas fait mention d’un fameux dialogue contre le pape Jules II, intitulé : Julius, etc., qui non-seulement a été attribué à Andrelini, mais réimprimé avec ses initiales sous ce titre : F. A, F. (Fausti Andrelini Forojuliensis), Poetæ regii Libellus de obitu Julii pontificis maximi, anno domini m. d. xiii, in-8°., sans adresse, dont il existe une traduction française intitulée : Dialogue entre saint Pierre et Jules II, à la porte du paradis, suivi de la doctrine catholique touchant l’autorité des papes, Amsterdam, 1727, in-12. Bayle, au reste, a parlé de cet opuscule à l’article Jules II, remarque (N). Il n’ose affirmer de qui est l’ouvrage. Baluze et Wolfius le croyaient d’Érasme. Joly l’attribue à Ulric Hutten (dans ses remarques sur l’article Jules II).

(A) Érasme, … dit qu’il était poëte du roi et de la reine. ] Voici comme il en parle : Faustus Andrelinus, Foroliviensis, poëta non solùm laureatus, verùm etiam regius, atque etiam, si Diis placet, regineus, vetus congerro meus, qui plus quàm triginta jam annos in celeberrimâ Parisiorum Academiâ poëticen docet, in carmine quod de Pavimento Parisiensi inscripsit, adagionem (Syracusana Mensa) in Anglos derivavit, Mensa, inquiens, Britanna placet[1]. On voit parmi les lettres d’Érasme[2] deux ou trois billets qu’Andrelinus lui écrivit d’un style si laconique, qu’en comparaison les lettres de Brutus passeraient pour longues. Érasme, qui lui répondit en même style, est un peu plus diffus lorsqu’il le prie de faire valoir ses adages[3], et lorsqu’il lui décrit les plaisirs de l’Angleterre, afin de l’y attirer [4]. Je remarquerai en passant que c’est une fort mauvaise coutume aux auteurs, de ne désigner le temps auquel ils écrivent que par le terme vague de nunc, jam, etc. Il faudrait qu’ils marquassent précisément l’année ; car outre qu’il y a des livres auxquels on travaille plusieurs années de suite, ou qui ne paraissent que longtemps après que l’auteur y a mis la dernière main, n’y en a-t-il pas qui s’impriment plusieurs fois ? À quoi se peut-on fixer alors, si l’on rencontre un hoc anno, un nunc, et choses semblables ? Voici Érasme, qui nous parle d’Andrelin comme d’un homme plein de vie, et qui enseignait depuis trente ans la poëtique dans Paris. Il dit cela dans un livre imprimé l’an 1546, où la préface n’est point datée, mais où il y a une épître dédicatoire datée du 3 d’août 1528. Cela n’est-il point capable de faire croire qu’Andrelin vivait l’an 1528 ? Et ne faut-il pas recueillir de là que les plus grands hommes, quand ils revoient leurs ouvrages pour une nouvelle édition, y laissent mille choses qui ne sont plus vraies ? J’ai remarqué ce défaut dans la dernière édition de la grande Histoire de France de Mézerai.

(B) Beatus Rhenanus mit une préface à ses lettres, où il les loue beaucoup. ] Voici les paroles de Gesner : Beatus Rhenanus in Præfatione commendat has epistolas tanquam eruditas, lepidas et utiles. « Etsi enim hic author, (inquit) in nonnullis opusculis genuino poëtarum more lasciviusculus sit, hic tamen integrum ac modestum oratorem agit[5]. »

(C) On a lieu de croire qu’on lui

  1. Erasm. Adag. LXVIII, cent. II, chiliad. II.
  2. Lib. V, pag. 316, edit. Londinensis.
  3. Erasmi Epist. XXIII, et X libri V, pag. 321 et 315.
  4. Erasmi Epist. XXIII, et X libri V, pag. 321 et 315.
  5. Gesneri Biblioth., fol. 573.