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ANDROMAQUE.

dans Nicomédie sous le règne de Dioclétien. C’est Suidas qui le dit.

(A) Les Rhodiens obtinrent sa liberté, non pas de Ptolémée Évergètes, mais de Ptolomée Philopator. ] La faute du continuateur de Moréri est visible à quiconque fait réflexion que quand les Rhodiens obtinrent la liberté d’Andromaque, il y avait deux ans que son fils avait passé le mont Taurus avec Séleucus Céranus, roi de Syrie, pour faire la guerre à Attalus, roi de Pergame. Or, cette expédition fut faite la même année que Ptolomée Évergètes mourut, et que Ptolomée Philopator lui succéda [1]. C’est donc Ptolomée Philopator qui mit en liberté Andromaque, afin de favoriser les Rhodiens, qui voulaient ôter à la ville de Byzance la faveur d’Achée, et qui ne crurent pas que rien fût plus propre à leur procurer la bienveillance de ce prince que le présent qu’ils lui feraient de son père. Voyez la remarque (A) de l’article Achée.

  1. Voyez Calvisius, ad ann. III olympiadis 139.

ANDROMAQUE, natif de l’île de Crète, médecin de l’empereur Néron [a], s’est principalement immortalisé par l’antidote qu’il inventa en mêlant des chairs de vipère au mithridate [b]. Cet antidote fut nommé Thériace à cause de ce mélange, et nous l’appelons Thériaque. Θηρίον signifie une bête ; mais les médecins entendent en particulier par Θηρία les bêtes venimeuses [c]. Cet antidote effaça le mithridate, qui avait été jusqu’alors dans une très-grande estime [d]. Andromaque fit la description de son antidote en vers élégiaques, et la dédia à Néron [e]. Son fils, nommé Andromaque, fit la même description en prose [f]. Damocrates la fit en vers ïambiques, dans un poëme qu’il composa sur les antidotes [g]. Nous apprenons de Galien qu’Andromaque le père fit un traité de Medicamentis compositis ad affectus externos [h] ; et que c’était un homme docte et éloquent [i]. Érotien lui dédia son Lexicon. Je suis surpris que Meursius ait oublié un si célèbre médecin dans la liste qu’il a donnée des hommes illustres de l’île de Crète, au livre IV de son Traité de cette île. Quelques-uns prétendent que ce médecin a été un bon astrologue (A).

  1. Galenus, de Theriacâ, ad Pison.
  2. Vossius, de Philos., cap. XII, pag. 95.
  3. Vide Galen., de Theriac., ad Pamphil.
  4. Vossius, de Philos., cap. XII, pag. 95.
  5. Galenus, lib. I, de Antidotis, Tzetzes, chil. XII, n. 397, p. 224.
  6. Galenus, ibid.
  7. Idem, de Theriacâ, ad Pisonem.
  8. Apud Vossium, de Philosoph., pag. 96.
  9. Galen., de Antid., lib. I, cap. I.

(A) On prétend que ce médecin a été un bon astrologue. ] Commençons par rapporter les paroles de Vossius. Circa olympiadem CXI (l’imprimeur a oublié un C ; il fallait dire CCXI) ac deinceps, nempè extremis Neronis temporibus, et sub Vespasiano, magnum sibi decus hic scientiâ peperit Andromachus Cretensis, qui primus dicitur edidisse theoricas planetarum. Voilà le texte de Vossius, à la page 161 de son livre de Scientiis mathematicis ; et voici le commentaire qu’il y ajoute : cette division est sa méthode ordinaire. Consentiunt de eo Lucas Gauricus, et Christophorus Clavius, nisi quòd Gauricus perperàm Andronicum vocat qui Clavio rectiùs Andromachus. Illum vide in Calendario ecclesiastico [* 1], hunc Commentario in Sphæram Joan. de Sacrobosco [* 2]. Je m’étonne que Vossius n’ait point dit s’il croyait ou non que cet Andromaque l’astrologue fût le

  1. (*) Folio 16, edit. Venet. apud Juntas, ann. 1552.
  2. (*) Commentar., in cap. I, pag. 4.